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Rencontre avec Charlie Adam

Bio express

1975 Naissance à Besançon (Doubs). 

1980 Sa famille s’installe à Chamonix. 

1995 Aux Arts déco (Genève). «Obnubilé par le ski, je n’étais pas très assidu.» 

2002 Mariage avec Andréa, une Anglaise. Passe de la peinture au dessin numérique. 

2004 Le couple crée la société d’édition Bungalow Graphics, «dans notre cuisine». 

2005 Naissance de Lily, sa fille. 

2006 Emménagement à Annecy. 

2007 Naissance de Marcel, son fils. 

2008 Showroom à Menthon-Saint-Bernard. 

2015 Il expose aux Jours Vintage à Palexpo puis, fin novembre, à la boutique éphémère The Square (rue du Diorama).

 

 

Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant vous avez sûrement déjà admiré l’un de ses dessins. ses skieuses aux courbes avantageuses scrutant le Mont-Blanc ou engloutissant une glace au pied du Cervin envahissent les stations des Alpes. On les retrouve sur les forfaits ou ornant les murs des bars et hôtels. Depuis plusieurs années déjà, Charlie Adam a conquis les sommets de Haute-Savoie ou du Valais avec son coup de crayon. Car, oui, il y a un style «Charlie». «Au point que parfois, certains clients me demandent de revoir ma copie en me disant que ce n’est pas assez Charlie», sourit le quadragénaire.

Aux Jours vintage, qui se tiennent à Palexpo jusqu’à lundi, il est un peu le régional de l’étape. Né à Besançon, il passe son enfance à Chamonix. Puis s’installe avec femme et enfants à Annecy. C’est là qu’il réside aujourd’hui, en alternance avec Bristol (Angleterre). L’homme, on s’en serait douté, est un passionné de montagnes et de sports d’hiver. Au point que lorsqu’il était étudiant aux Arts déco à Genève, il désertait les bancs pour mieux dévaler les pentes.

Quant à son goût pour le dessin, c’est là encore dès l’enfance que tout se joue. «A la maison il y a toujours eu des tables à dessin», précise Charlie Adam. Pour cause: «Il n’y a que des architectes dans la famille!» Mais, aux lignes droites des immeubles et autres bâtisses, il préfère la rondeur des bulles de bandes dessinées. Fluide glacial et Charlie Hebdo marquent l’adolescent et inspirent le dessinateur en herbe. «J’ai toujours aimé l’illustration, le dessin pour le dessin, sans les contraintes techniques», analyse-t-il. Parmi ses modèles, on compte le Français Serge Clerc ou l’illustrateur de livres pour enfants, Alain Grée. Il est aussi influencé par le mouvement artistique américain Lowbrow.

«Fais-toi plaisir en travaillant»

Au cœur de son œuvre réside la notion de plaisir. Il clame d’ailleurs haut et fort sa devise: «Fais-toi toujours plaisir en travaillant, et n’attends pas qu’on vienne te chercher!» Affichant un large sourire lorsqu’il évoque son art, il souligne: «Je ne suis pas un adepte de la création dans la douleur. Vous ne me verrez jamais exposer un dessin sur lequel je me suis ennuyé. On est là pour partager de la bonne humeur avec les gens.»

C’est dans cet état d’esprit qu’il s’amuse à vanter les mérites d’un produit inexistant, ou d’une destination de vacances imaginaire. «J’aime faire voyager les gens dans le temps, vers des époques révolues, comme celle des vieux téléphériques ou des «tire-fesses» dont j’ai, par exemple, imaginé une campagne de défense.» Autant dire que les Jours vintage lui vont comme un gant.

Nostalgie et humour absurde

«Je pratique un mélange entre la nostalgie, l’humour absurde, l’esthétique rétro, le design, avec les Alpes et le ski comme toile de fond», résume-t-il. Normal quand on a commencé à dessiner à Chamonix. «C’était les paysages que je voyais et aussi ce qui intéressait ma clientèle.» Cette dernière étant composée, selon lui, d’environ un tiers de Français, un tiers de Suisses et un tiers d’Anglo-Saxons.

Pour autant, beaucoup d’autres choses le branchent: les vieilles affiches publicitaires ou de film, le cinéma, James Bond! Jouant du piano et des percussions («même si mes instruments prennent la poussière…», regrette-t-il au passage), Charlie Adam est aussi mélomane. «Je ne peux pas travailler sans musique. J’écoute des vieilleries, du jazz, du rock. En réalité la musique est l’influence principale de mes dessins.» Un air de country et le voilà dessinant des bûcherons coupant du bois devant leur chalet.

Côté processus créatif, il assure tout bonnement: «Je suis tout le temps en train de travailler. Du matin au soir. Dès que j’ai une idée, je la note. Je griffonne sur un bout de papier.» Puis, il passe à l’action, sur ordinateur. Las d’essayer de vendre des tableaux peints à la main, uniques et coûteux, Charlie Adam s’est en effet converti au dessin numérique vers 2002.

Ainsi naît Bungalow Graphics. Son épouse et lui se lancent à domicile. «C’était pratique pour pouvoir s’occuper des enfants en bas âge.» Peu à peu, le succès vient. Et les clients envahissent la cuisine. Il faut très vite songer à trouver une annexe. En l’occurrence un premier showroom à Menthon-Saint-Bernard. Un second suivra à Chamonix. La société emploie désormais cinq personnes à plein-temps. «Ce sont eux qui gèrent. Moi, je dessine, c’est la seule chose que je ne peux pas déléguer.» Pour le plus grand plaisir des amateurs du style «Charlie» qui peuvent s’offrir un tableau pour décorer le chalet ou un tapis de souris. Et même, depuis quelques jours, un jeu de l’oie sur le thème de la montagne. (TDG)

 

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